«Un Orphée plutôt troussé, qui cousine avec le music-hall franchouillard de Jérôme Savary et le ludique décalé de Laurent Pelly. Le metteur en scène belge Yves Beaunesne est un appelé d'assez fraîche date à l'opéra (il a monté à Lille Werther, de Massenet, Rigoletto, de Verdi, et une version pour instruments à vent du Cosi fan tutte de Mozart).
Mais il caresse la musique dans le sens du poil. Et elle ne manque pas de panache cette partition truffée d'airs et de numéros à succès, qui, pour les besoins des jeunes voix des chanteurs de l'Académie de musique, et le plaisir du public, mêle la version originale de 1858 et sa cadette de 1874 (plus luxueuse, car habillée de ballets).
BOTTINES DE FEMME LIBéRéE
Textes parlés et dialogues ont été réaménagés à la mode du jour par la dramaturge Marion Bernède dans l'esprit soft et néanmoins caustique d'un Offenbach 2009. Le tout est emballé dans une succession de gags et de jeux de scène qui ont déclenché l'hilarité d'une partie du public, lequel n'a, dans l'ensemble, pas boudé son plaisir.
On retiendra à l'avenir le remarquable Mathias Vidal (Aristée-Pluton), ténor à la voix bien placée, de surcroît excellent comédien. Le Cupidon au joli timbre d'Emmanuelle de Negri ne manque pas de chien, tout comme la Diane chasseresse de la Canadienne Soula Parassidis. Quant à l'Aixoise Pauline Courtin, elle campe, en dépit d'une voix courte, une Eurydice fine mouche, aussi à l'aise dans ses bottines de femme libérée qu'en nu-pieds de bacchante.
La direction enlevée d'Alain Altinoglu n'a pas faibli un instant à soutenir les voix. A la tête de la Camerata de Salzbourg, le jeune chef français prouve qu'on peut avoir le vent en poupe et le mériter. Le seul problème soulevé par cette production reste son lieu. Non que la musique d'Offenbach soit indigne du Théâtre de l'Archevêché, mais l'Idomeneo aux pléthoriques moyens déployés sur le même lieu et cet Orphée léger à l'allure de goualante ne jouent pas dans la même cour.»
E que viva a graça e ligeireza!
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